- Depuis 2017, Pirelli est le fournisseur exclusif de pneumatiques pour le Championnat de France FFSA GT
- Introduit en 2022, le slick Pirelli DHF a démontré toutes ses qualités et sa longévité
- Une logistique importante et des ingénieurs en soutien des équipes
Depuis 2017, qui marque le retour de SRO Motorsports Group en tant que promoteur du Championnat de France FFSA GT et le passage à la réglementation technique GT4, Pirelli est le fournisseur exclusif des pneumatiques de la compétition phare de l’Hexagone. Au moment d’aborder la septième saison de cette collaboration, Baptiste Henry, Responsable Compétition Auto de Pirelli France, nous révèle toutes les implications d’un tel partenariat.
Baptiste, on peut dire que Pirelli est prêt à l’aube de cette nouvelle saison ?
Plus que jamais ! Nous avons introduit une nouvelle gamme de pneumatiques slick début 2022 en FFSA GT et, dans l’ensemble, celle-ci a apporté une grande satisfaction. Nous débutons donc 2023 avec un produit connu.
On a souvent entendu que cette nouvelle gamme DHF était un immense défi pour Pirelli. Expliquez-nous pourquoi…
Tout d’abord car le cahier des charges était très large… et donc très compliqué. Avec le DHF, nous innovons en offrant un même produit pour les GT2, les GT3 et les GT4, tout en proposant évidemment des tailles adaptées à chaque voiture. Cela demande donc de pouvoir s’adapter à des modèles ayant des puissances très différentes, des poids très différents, des architectures très différentes avec des moteurs à l’avant, en position centrale ou à l’arrière… En outre, le même pneu doit fonctionner par toutes les températures, ce qui veut dire se montrer performant s’il fait frais et en même temps ne pas se dégrader trop vite s’il fait très chaud. Le défi était immense, mais je suis fier de dire que nos ingénieurs et les équipes R&D l’ont brillamment relevé car les retours ont majoritairement été très positifs.
De manière générale, les équipes et les pilotes ont salué une nette amélioration de la constance et de la longévité l’an dernier.
C’était en effet un de nos objectifs. Il faut bien se rendre compte que les GT4 de 2023 ne sont plus celles de 2017. Elles sont en général plus performantes, mais aussi plus lourdes, ce qui, au niveau des contraintes pour les pneus, les rend plus proches des GT3 que par le passé. Quand on voit certains chronos signés en fin de course l’an dernier en FFSA GT, on peut affirmer que le nouveau DHF parvient à garder un très bon niveau de performance bien plus longtemps que son prédécesseur. Cette longévité a été saluée par les équipes ! Le revers de cette médaille, si j’ose dire, est que la chauffe du pneumatique peut être légèrement allongée lorsque les conditions sont froides, et qu’il lui faut un peu plus de temps pour atteindre sa fenêtre optimale de fonctionnement. Cela a demandé à certaines équipes un léger effort d’adaptation pour découvrir et comprendre cette nouvelle spécification. D’un commun accord avec SRO Motorsports Group, avec qui la relation est excellente, nous avons donc proposé pour compenser cet effet, un deuxième tour de formation en cas de températures de piste exceptionnellement basses, ce qui double par conséquent le temps de chauffe et garantit la sécurité de tous en début de course.
Comment accompagnez-vous les équipes dans leur compréhension du pneu ?
Tout d’abord, ça parait évident, mais je tiens à rappeler que notre rôle en tant que fournisseur exclusif est de mettre tous les concurrents sur un pied d’égalité puisque nous avons un devoir de neutralité. C’est d’ailleurs pour ça que les pneumatiques sont distribués de manière aléatoire et que notre Pirelli Data Package [NDLR documentation officielle technique Pirelli] est envoyé aux équipes via l’intermédiaire du promoteur. Nous proposons sur les circuits un véritable service aux équipes, non seulement pour le montage des pneumatiques, mais aussi par la présence d’ingénieurs. Après avoir travaillé en F1 et en GT3, Peter Koren est le référent technique Pirelli GT4 non seulement sur le Championnat de France FFSA GT, mais aussi sur la GT4 European Series. Cela lui donne une énorme expérience du pneu DHF sur des GT4 et son apport est précieux, non seulement pour les concurrents qui lui demandent des conseils, mais aussi dans les rapports qu’il envoie en interne après les épreuves. L’innovation faisant partie intégrante de l’ADN de notre marque, nous nous servons en effet des données récoltées à travers tous nos championnats pour perpétuellement améliorer nos produits. Ce lien constant entre le terrain, les promoteurs et les équipes de développement est finalement le moteur de l’évolution de nos gammes.
L’année 2022 a été bien chargée et les problèmes logistiques que l’on connait sur les marchés mondiaux ont dû vous demander un peu de gymnastique du cerveau.
Ah, c’est vrai que la logistique l’an dernier a été un beau défi ! (Il rit, NDLR) Malgré un contexte difficile, nous pouvons toutefois dire que nous avons pu répondre à la demande grandissante de tous nos clients et partenaires, qui pour la plupart était largement au-dessus de nos prévisions. A l’instar de l’évolution du plateau du GT4 France entre 2021 et 2022 couplée avec une nouvelle allocation pneumatiques, l’exercice n’est pas simple quand la tendance est la même sur tous les marchés. S’adapter et réagir sont des maitres mots en sports auto, ces deux dernières années nous l’ont bien rappelé ! En fait, l’une de nos missions est d’avoir les bons pneus, en bonne quantité et au bon moment. Nous effectuons bien sûr des prévisionnels de vente qui sont revus chaque mois et nous anticipons autant que possible, mais nous ne sommes pas toujours dans le vrai. Par exemple, il peut y avoir plus de voitures que prévu ou s’il pleut durant tout un week-end et que nous devons alors être en mesure de fournir suffisamment de pneus pluie. Pour que nos prévisions soient aussi ajustées que possible, je suis très régulièrement en contact avec le promoteur du championnat pour avoir une idée des forces en présence sur les meetings à venir. Grâce à ce travail collectif et à notre réactivité en terme de production, nous avons pu répondre à la demande sur 2022 et nous espérons évidemment rééditer cela en 2023.
En dehors du Championnat de France FFSA GT, vous fournissez aussi les pneus du Championnat de France FFSA Tourisme et du Championnat de France FFSA de Formule 4. Cela demande aussi une solide organisation sur les circuits !
En effet, nous sommes fournisseur exclusif de trois Championnats de France FFSA des Circuits : FFSA GT, FFSA Tourisme et FFSA F4. Lorsque les trois séries sont présentes sur une même épreuve, nous venons avec 5 camions, 15 monteurs, 2 ingénieurs, 2 personnes du staff IVALTO… En tout, ça fait une bonne vingtaine de personnes ! C’est toutefois nécessaire pour assurer un service à la hauteur de nos standards. Si on compte les pneus usés des meetings précédents qui sont repris pour les essais libres (le « carry over », NDLR), il arrive à nos techniciens de monter jusqu’à 2.000 pneus sur le week-end. C’est énorme, surtout si on sait que, généralement, le plus gros du travail et le montage des pneumatiques neufs doit être fait avant les essais qualificatifs. C’est la raison pour laquelle nous devons mettre en place des horaires de montage afin de gérer le flow de pneumatiques à monter par Série tout au long du weekend, et tenir les échéances qui nous sont imposées.
Quel est le cycle de vie d’un pneu sur une épreuve ?
Nous arrivons les mercredi ou jeudi sur le circuit pour l’installation et les premiers montages de pneus. La première grosse étape est l’allocation où nous remettons à chaque concurrent son quota de pneumatiques pour le weekend. Comme je l’ai dit, les pneus sont distribués de manière aléatoire. L’allocation consiste à l’enregistrement de tous les codes-barres des pneumatiques qui seront utilisés par les concurrents sur l’épreuve. Il y a sur chacun d’eux un code-barres qui nous permet d’une part de tracer en interne le produit, mais aussi de le tracer sportivement afin de s’assurer que le concurrent utilise un pneu du quota qui lui a bien été alloué. Ce contrôle est assuré par des délégués technique de la FFSA puisqu’en tant que manufacturier exclusif, nous ne pouvons être juge et partie. Nous fournissons simplement l’outil de contrôle.
Après l’épreuve, lorsqu’ils ne seront pas réutilisés pour des essais ou lors d’un meeting ultérieur, les pneus sont repris par Pirelli et ils sont ensuite recyclés. Différentes applications sont possibles grâce à la granulation des pneumatiques usés. Je pense notamment à la création de filtres pour les gouttières ou même les roues pour les poubelles de rue. Cela rejoint évidemment notre volonté de maîtriser notre empreinte environnementale. Cela se traduit par l’utilisation de matériaux plus durables dans nos produits, mais aussi par de nouvelles méthodes de travail. C’est aussi pour cette raison que nous travaillons de plus en plus par la simulation au moment de développer nos nouveaux produits, ce qui nous permet de diminuer le nombre de pneus prototypes et les tests de validation en extérieur. Il faut dire que l’expérience que nous avons à tous les niveaux, avec la Formule 1 et le WRC en point d’orgue, nous permet aussi de pouvoir nous appuyer sur un grand nombre de données que nous déployons par la suite sur les pneumatiques de compétition client.
Pour conclure, Pirelli soutient aussi les participants avec une dotation allouée sur chaque épreuve.
Oui, en accord avec le promoteur SRO Motorsports Group, nous voulons récompenser les concurrents. Une manière judicieuse et objective de le faire est d’organiser des Trophées qui sont calqués sur les performances en piste. En Championnat de France FFSA GT, le Challenge Pirelli permet à l’équipage ayant effectué les plus belles remontées au cumul des deux courses de repartir avec un train de pneumatiques. En Championnat de France FFSA Tourisme, le Pirelli Trophy attribuera deux pneus neufs au pilote le plus rapide TC, en TCR, en GT-Light et en TCA. C’est une manière sympathique de faire parler de nous et surtout de mettre les concurrents à l’honneur !