Non pas que l’on doutait de la qualité de la voiture et de l’équipage, mais la structure Autovitesse – créée par Michel Duvernay dans les années 1990 et aujourd’hui dirigée par Julien Piguet – avait tout à apprendre de cette nouvelle Porsche en Championnat de France FFSA GT. En outre, c’était aussi la première fois que l’ex-kartman Alban Varutti s’engageait pour une saison complète en sport automobile dans l’Hexagone. De quoi viser des coups d’éclats, mais pas la couronne de Champions de France FFSA GT en Pro-Am ? Le patron-pilote Julien Piguet et Alban Varutti nous ont prouvé le contraire : ce sont eux qui iront chercher le trophée samedi soir à Londres lors des SRO Awards 2022 !
Julien Piguet : « C’est un peu une double victoire »
« C’est ce que l’on appelle une saison qui aura été très intense ! » Tout sourire, Julien Piguet commence seulement à réaliser la portée de l’exploit. « Nous avons reçu notre nouvelle Porsche très tardivement, à tel point que nous n’avons même pas pu participer au « Back on track », la journée d’essais officiels organisée par SRO sur le circuit de Nogaro. Terminer la première course des Coupes de Pâques sur le podium puis remporter la seconde était donc totalement inattendu. Je connais mon équipier Alban depuis longtemps, mais c’est la première fois que nous roulions ensemble. Et il m’a épaté ! Non seulement par son rythme, mais encore plus par sa capacité à se battre en peloton et à se montrer excellent tout au long de la course. La suite de la saison l’a amplement démontré. »
À la fois patron et pilote dans cette équipe AVR-Avvatar (qui est en fait la structure Autovitesse), Julien Piguet peut être doublement satisfait. « Même si nous n’avons pas remporté le titre des Équipes, qui revient logiquement à CMR, je suis très fier de ce que nous avons fait avec notre petite structure. Pour moi, c’est un peu une double victoire ! Nous n’avons qu’une voiture et il est dès lors plus difficile d’accumuler des données et de comprendre l’évolution des réglages et de la piste. Je dois donc souligner le travail de Julien Leimer, notre Team Manager, et de tous nos gars. Quand j’arrive sur un circuit, je suis pilote et j’entends qu’on exige de moi la même chose que d’un autre pilote. Je leur demande d’oublier que je suis le patron. Mais j’avoue qu’être champion avec mon équipe apporte forcément une émotion supplémentaire. »
Certains pourraient dire que la chance était du côté de l’équipage de la Porsche en fin d’année. « Il faut toujours un peu de chance et j’imagine la frustration de Nicolas (Prost), Rudy (Servol) et de toute l’équipe CMR », avoue le Parisien. « Je suis sincèrement désolé pour eux… Mais nous avons aussi rencontré notre lot de malheurs ! À Magny-Cours, je me fais percuter et nous devons renoncer. À Lédenon, je me retrouve pris dans le violent carambolage en Course 1. Je n’ai même pas fait un tour ! Le lendemain, alors que l’équipe avait travaillé dur pour réparer notre Porsche, j’ai repoussé mes propres limites physiques pour finir la course malgré une entorse au poignet. Ce sera d’ailleurs l’un des souvenirs forts de mon année car, à la fin, ces points engrangés ont été terriblement importants. Nous avons joué à la fois la régularité, avec trois victoires et trois autres podiums sur douze courses, mais nous avons aussi fait preuve de persévérance. »
Quelques jours avant la remise des prix de la saison 2022, Julien ne manque pas d’ambitions pour l’avenir. « Nous continuerons en GT4 », confie-t-il. « Le rêve serait de défendre notre titre en France et en même temps de disputer le GT4 Europe, mais il nous faut travailler cet hiver pour financer ce double programme. Sur un plan personnel, j’aimerais aussi m’offrir, l’année de mes 40 ans, une participation aux 24 Heures de Daytona. C’est le seul des grands doubles tours d’horloge qui manque encore dans mon parcours en sport auto. »
Alban Varutti : « Mon premier titre dès ma première saison complète »
Au début de cette année, nombreux sont ceux qui se demandaient comment Alban Varutti allait se débrouiller dans le peloton du Championnat de France FFSA GT. Samedi soir, il sera l’un des pilotes les plus en vue de la remise des prix. Logiquement classé Bronze par la FIA, le Nantais de 37 ans est un chef d’entreprise particulièrement actif. « D’ailleurs, depuis le titre de Champion de France FFSA GT, je n’ai pas encore relevé la tête au boulot », nous glisse-t-il. « Ma société Almacar-Pilotage organise des stages sur circuit ou sur route pour faire découvrir à des passionnés le pilotage de voitures d’exception. Je n’avais pas imaginé que ce serait à ce point, mais il est évident que mon titre de Champion de France va booster l’image de ma société. »
Alban Varutti était-il pour autant inconnu au bataillon ? Certainement pas ! Les suiveurs avertis du sport automobile tricolore se souviennent qu’il fut l’un des grands espoirs du karting, au point d’intégrer l’Équipe de France FFSA il y a une vingtaine d’années. Un podium en Championnat d’Europe ICA-Junior, une 6e place au Championnat du Monde KF1, une victoire aux 24 Heures du Mans Karting… Ce ne sont que quelques lignes de son palmarès. S’il est certes devenu un businessman bien occupé, Alban avait donc une certaine expérience derrière lui. « En kart, c’est vrai, mais en voiture je n’avais pour ainsi dire jamais disputé une saison complète à l’exception d’un championnat peu relevé dans les Émirats Arabes Unis. Mais j’ai adoré ! Avec la Balance de Performances, les voitures sont très proches et il faut vraiment se battre. J’ai parfois pris des risques dans mes remontées avec des dépassements par l’extérieur. C’était à la limite, mais c’est ça qui est excitant ! Et alors que je n’avais jamais réussi à décrocher un grand titre en karting, où je ne compte plus les places d’honneur, je remporte la couronne en FFSA GT dès ma première saison et au terme d’une finale à suspense sur le Circuit Paul Ricard. Nous ne nous y attendions pas et l’émotion n’en a été que plus forte.
Pour Alban, ce Championnat de France FFSA GT aura été une grande découverte. « Jamais je n’avais pensé qu’une compétition nationale pouvait générer un tel engouement », affirme-t-il. « Il faut saluer le travail de SRO et de la FFSA : c’est super bien organisé, il y a de très belles retombées et j’ai été surpris de voir autant de public sur les courses. En plus, l’ambiance était top toute l’année. Merci à mon ami Julien de m’avoir amené avec lui dans cette aventure. Merci aussi à toute l’équipe AVR-Avvatar et à Porsche. Nous étions loin d’être les favoris, mais je suis super heureux de remporter ainsi mon premier titre. »