Le duel a été aussi intense que passionnant dans la Am Cup. Plusieurs fois, le championnat a semblé changer de camp. Vice-champions en 2021, Jean-Charles Rédélé et Laurent Coubard y ont cru jusqu’au bout, mais les pilotes de l’Alpine A110 GT4 de Bodemer Auto ont dû, comme l’an dernier, s’incliner face à l’Audi R8 LMS GT4 de Fullmotorsport. Cette fois, Christophe Hamon partageait son volant avec Michaël Blanchemain. À l’aube des SRO Awards, la soirée de gala organisée à Londres ce samedi, la parole est aux champions.
Christophe Hamon : « Le FFSA GT est la plus belle des plateformes pour le GT4 »
Tous les grands sportifs vous le diront : arriver au sommet n’est pas simple, y rester encore moins. Devenu l’une des incontestables références parmi les pilotes dits « amateurs » (soit ceux qui sont classés Bronze par la FIA), Christophe Hamon a mis quelques années pour décrocher le graal. Pourtant, le FFSA GT en version GT4, il connait ! Depuis les Coupes de Pâques 2017, il est le seul à avoir pris part aux 72 courses organisées.
Troisième de la Am Cup en 2019 et deuxième en 2020, le pilote de Le Coudray-Montceaux a enfin remporté son premier titre en 2021 en compagnie de Pascal Huteau. Repartant en 2022 pour une campagne avec le Team Fullmotorsport, il a emmené son pote Michaël Blanchemain pour partager avec lui le volant de l’Audi R8 LMS GT4 jaune fluo de l’équipe bordelaise.
« Je suis évidemment très heureux de ce deuxième titre, mais en même temps je suis resté sur ma faim », affirme Christophe. « Je suis un compétiteur et seule la victoire m’intéresse ! Or, nous avons connu une saison avec pas mal de hauts et de bas. En GT4 European Series, alors que nous étions les tenants du titre avec Mika, nous n’avons pas pu conserver notre couronne, notamment parce que la malchance nous a frappés plusieurs fois. Par contre, je suis heureux d’avoir pu participer à son premier titre national. Mais ce fut juste, vraiment juste… »
Au soir de la finale sur le Circuit Paul Ricard, qui marquait la fin de sa dixième saison en sport automobile, Christophe poussait un énorme soupir de soulagement. « Le moteur était en train de casser et je perdais sans cesse plus de puissance », explique-t-il. « Quand j’ai signalé à la radio que j’avais une alarme sur le tableau de bord, l’équipe a cru que je leur faisais une blague. Cette dernière course a été à l’image de notre saison : des montagnes russes émotionnelles. »
Une fois évacuée cette frustration d’une fin de campagne stressante, Christophe ne tarde pas à positiver. « Je peux paraître un peu râleur quand les choses ne se passent pas comme je le souhaite, mais je mesure la chance que j’ai », temporise cet homme d’affaires de 45 ans, spécialisé dans l’automobile. « Je fais partie des 80 privilégiés qui peuvent disputer le Championnat de France FFSA GT, qui est pour moi l’une des plus belles compétitions dans toute l’Europe et sans aucun doute la meilleure plateforme pour le GT4. Le FFSA GT est tenu par SRO selon le principe « une main de fer dans un gant de velours ». Il y a un vrai respect du client avec un accueil très sympa et une équipe organisatrice toujours là pour rendre service si c’est possible. En parallèle, tout est parfaitement organisé : la présentation du paddock avec les visuels et les camions alignés au centimètre, la qualité de la retransmission TV et des commentaires, les retombées médiatiques… Pour un pilote comme moi, qui finance sa participation grâce à des partenaires, c’est très important. Quand j’invite mes sponsors sur les courses, je sais que l’accueil et le meeting seront de qualité. »
Pour la deuxième année consécutive, Christophe était donc à pied d’œuvre sur un double programme France-Europe. « Et ça change tout ! », sourit celui qui compte deux couronnes françaises et une européenne en Am Cup. « Dès que tu montes dans la voiture, tu es dans le coup parce que tu ne restes pas aussi longtemps sans rouler. Tu as tes repères, tes automatismes, tu es plus affuté... Du coup, c’est aussi plus agréable. Et puis la France et l’Europe proposent des circuits aux profils assez différents et je trouve que ça se complète bien. Je ne vous cache donc pas que mon objectif est de mener de nouveau un double programme en 2023. Pour tout vous dire, j’aimerais le faire dans la catégorie Pro-Am et viser ainsi les premiers rôles dans l’officieux classement général ne serait pas pour me déplaire. On y travaille ! »
Michaël Blanchemain : « On a atteint l’objectif »
Après son titre en Am Cup dans la GT4 European Series en 2021, Michaël Blanchemain a décroché – toujours avec Christophe Hamon – une première couronne de Champion de France FFSA GT. « L’an dernier, nous avions décidé de faire le championnat européen très tardivement », raconte-t-il. « Cette fois, nous avions un objectif bien défini dès le début de l’année et je dois avouer que je ressentais plus de pression. Tout le monde sait à quel point Christophe est performant dans cette Am Cup et je voulais me montrer à la hauteur. Certes, nous avions remporté le championnat d’Europe l’année dernière, mais le niveau en France est très relevé. »
Si le duel avec la paire Rédélé-Coubard a été intense, il a donné encore plus de saveur à la couronne remportée par les pilotes de Fullmotorsport. « Les pilotes de l’Alpine ont été très bons », confirme le citoyen de Fontainebleau, en Île-de-France. « De notre côté, nous avons eu un début de saison assez compliqué. Nous n’étions pas assez performants à Nogaro, puis nous avons eu un abandon sur problème technique à Magny-cours, puis de nouveau des ennuis à Albi… C’est clairement le meeting de Spa qui nous a totalement relancés : nous avons signé une pole position et remporté les deux courses, ce qui nous a permis de marquer 51 points sur 52 en Belgique. »
Les hauts et les bas ont continué à se succéder, au point que les deux équipages revendiquant la couronne ont abordé le dernier rendez-vous avec un seul point d’écart. « Notre victoire lors de la course nocturne sur Le Circuit Paul Ricard est mon meilleur souvenir », reprend Mika. « Nous sortions d’une très belle finale en GT4 Europe à Barcelone et nous sommes arrivés en confiance. Je suis donc parti avec le couteau entre les dents et, en terme de décharge d’adrénaline, c’était très fort. Le lendemain, le titre obtenu malgré les problèmes moteur en fin de course a confirmé que ce sport peut être riche en émotions. »
Quel que soit le moment où l’on croise Michaël dans le paddock, il est rare de voir ce quarantenaire sans un large sourire. « C’est normal, non ? Je me régale sur les circuits ! Pour moi, le sport auto, c’est un mélange entre la compétition et la détente. En FFSA GT, j’ai trouvé ce mix avec une super ambiance, une organisation au top, des plateaux avec un haut niveau de pilotage… et en plus on passe un bon week-end avec les copains. »
Avec ce titre national dans la poche, Michael réfléchis déjà à de nouveaux défis pour 2023. « J’aimerais bien un mix avec du GT4 et du GT3 », précise-t-il. « J’ai beaucoup aimé participer aux 24 Heures de Spa l’été dernier et j’ai envie de le refaire. De manière générale, le format de l’Endurance me plait bien et je me demande si je ne me tournerais pas plus vers ça. Mais rien n’est décidé encore ! »